Défilé du jour : Jill Sander Automne Hiver 2012

MILANO

1 ère ligne : Marni
2ème ligne : Sportmax
3ème et 4ème ligne : Albino

Basso & Brooke Automne Hiver 2011/2012

Ils ont fait des imprimés digitaux leur marque de fabrique et sèment la pagaille sans renoncer au chic . Qui d'autre pouvait permettre d'enfiler une robe de cocktail "cascade en 3D" et légitimer contre toute attente ce parti pris risqué ? Car Basso & Brooke est une affaire qui marche : les deux compères de la griffe fournissant aussi bien les madone fantasques italiennes que les princesses d'Arabie Saoudite en quête d'exubérance , ou encore les tsarines cherchant une touche d'exotisme dans ces imprimés tropicaux qui réchauffent leur environnement de steppes.

Cette saison , les vainqueurs du célèbre prix Fashion Fringe ont développé le principe de dichotomie , à coups d'imprimés d'oiseaux et de textures imitant les murs dévorés par le temps .Sur ces longues robes, manteaux ou twin set très couvrants , des paysages présageant une véritable tempête de style , agrémentés de quelques touches de fourrure. Cette garde-robe minérale aux airs de chimères intergalactiques sonde parfaitement la bande son qui tournait en boucle dans les studios B&B , à savoir Gold Panda , Royksopp et Rupaul.

Marios Schwab Automne Hiver 2011-2012

Etonnant de sobriété , le créateur athénien Marios Schwab offre une symphonie textile posée et raisonnable , une respiration gracieuse à défaut d'être rébarbative et ascétique .

Port de tête délicat , toilettes fluides et chignons impeccables , les mannequins du défilé Marios Schwab poursuivent la tendance "Black Swan" qui sévit sur les podiums depuis l'hiver dernier. Une quête de perfection vestimentaire définie par une épure radicale et sophistication irréprochable , sans artifices . Coincidence ou non , Marios Schwab lui-même a embrassé la carrière de danseur par le passé , un rêve vraisemblablement envolé des chaussons au crayon . Guidé par l'architecte viennois Adolf Loos , maître d'un environnement dépouillé et moderne , l'espoir de la mode britannique sait aussi alléger cette rigidité en la teintant de poésie . Couleurs , détails et encolures évasées égaient ses robes qui moulent le corps sans le comprimer . Le styliste a pensé à Jun'ichiro Tanizaki , célèbre écrivain japonais connu pour son ouverture d'esprit sans limite . On adhère aussi à celle de Schwab , rarement décevante ...

Palmarès des défilés londoniens les plus givrés de la saison

A Londres , les agités du bocal sont légion et réveillent les défilés de mode de leur folie douce ( ici the Rodnik Band )

A chaque fashion week , le même cérémonial recommence . On traque les prochaines tendances histoire d'avoir près d'une année entière pour vérifier ses prédictions , on applaudit les jeunes ( et vieux ) prodiges et on épingle ces pseudos looks de street style , qui ne sont souvent ni urbains , ni humains , ni stylés justement mais surtout invariables . Mais cette bulle inoxydable qu'est le monde de la mode est aussi un terrain d'expérimentations où la folie créative n'a visiblement aucune limite . A commencer par Londres qui même par temps froid peut écoeurer les plus classiques et combler les excentriques . Retour sur les défilés les plus virtuosement fêlés :

1. Ashish . Une fois n'est pas coutume , le label aux consonnances junkie frappe encore très fort avec ses collants araignées , imprimés écossais défraîchis et autres attirails d'héroïnes de Glee passés à la tronçonneuse . Ajoutez à cela des délires haloweenesques , des clins d'oeil patriotiques ( 3 récurrences de l'union jack ) et cette boulimie de couleurs de packaging de short bread et vous obtiendrez le nouvel opus Ashish , nouvelle provocation qui ne reste pas sans effet . On serait bien reparti avec le sweat shirt "Holy Crap" au passage !

2. Nazir Mazhar . Depuis les baffles du studio Mazhar , on distingue un mélange entre reggae , dancehall , uk underground et une bonne dose de hip hop . Le styliste semble avoir transposé les beats de ses enceintes jusqu'aux cintres , proposant une grammaire mode influencée par les formes d'agression et la contre culture londonienne . Si vous considérez le port du seau sur la tête ou la panoplie tigre rose intergalactique comme agressifs , n'hésitez plus . On jette aussi notre dévolu sur la toque hot dog et le couple skaï bien réchauffé . Puisqu'on vous dit qu'à Londres , tout est possible .

3. Kokon to Zai . Avec ses initiales de gang des 80's ( KTZ) ou d'abrégé de manga sur bitume , le trio moitié macédonien moitié japonais a pour leitmotiv la transgression . Si on ne se voit pas tout porter d'un seul coup , on apprécie l'audace percutante de ces slashers des temps modernes, parés pour un braquage au pays des BCBG.

4. Cassette Playa . Aussi barrée que douée , Carri Munden défie toutes les lois de la gravité , de l'atmosphère , de la distinction ...- bref de tout ce qui entre dans la norme- et offre saison après saison des représentations aussi cosmiques que mûrement élaborées . Cet hiver , la geekette a songé pêle mêle à l'ambiance des foires du Coney Island , au film d'horreur "The Lost Boys" et au style garage britannique. Côté playlist , on aurait pu entendre du Nicki Minaj , Gucci Mane ou Giggs .

5. Katy Eary . Définissant son art comme du street wear glamour, cette jeune diplomée du Royal College of Art bouscule tous les us en combinant un million d'idées sur une seule silhouette ; avec cette saison une étrange obsession pour les silhouettes grimées en lapin nucléaire , les gimmicks de film d'horreur ( dont cette série de tee-shirt à découpe toile d'araignée) ou les roller girl disco . Tous les atours de l'ado banal ( sweat shirt , teddy , jambières ) sont ainsi détournés , apportant une correction toute personnelle du rêve américain . Bluffant et bien siphonné .

6. The Rodnik Band : Fasciné par l'art contemporain ( leurs héros s'appellent Marcel Duchamp et Peggy Gungenheim ) , le collectif de Philip Colbert préfère s'amuser plutôt que de réfléchir avec discernement de la portabilité de ses vêtements . Et c'est tant mieux : ces robes urinoir respirent le punk à plein nez ( pas étonnant que les Clash ont rythmé l'élaboration de la dernière collection) , ces hommages à Ferdinand Léger désacralisent le côté inabordable de l'art moderne . Si peu de ces créations descendront dans la rue , ce genre d'extravagance cultivée est toujours aussi rafraichissante.

Inspiration du jour : Paul Outerbridge

Il fut l'un des premiers à développer ses photos en couleur , révélant un attrait pour les mises en scènes ultra graphiques et contrastées. Moins reconnu que ses compères Man Ray ou Edward Steichen Paul Outerbridge demeure pourtant une référence dans l'univers de la photo de mode et de publicité .

Celui qui fut illustrateur et décorateur de théâtre dans sa jeunesse a ainsi immortalisé les ménagères les plus glamour des années 30 et 40 , scandalisé l'Amérique de ses clichés érotiques , proposé une exposition éclatante et révolutionnaire ( Photographing in Color ) au Musée d'Art Moderne avant de s'éteindre à Hollywood d'un cancer du poumon . Une existence aussi irrévérente que son travail , auquel Jonathan Saunders a voulu rendre hommage dans son dernier défilé .

DECOUVREZ LE DEFILE JONATHAN SAUNDERS ICI

Louise Gray Automne Hiver 2012

Comme à chaque saison , certains défilés londoniens s'avèrent aussi extravagants qu'indigestes. t pourtant , on ne se lasse pas des délires pop carnivalesques de Louise Gray , qui semble avoir avalé une tonne de space cookies avant d'élaborer cette collection . DELIRIOUS !

Les alpinistes du siècle dernier et Dickens inspirent les créateurs new-yorkais

Cette saison Christian Cota a emprunté les codes vestimentaires des alpinistes du passé. S'y ajoutent des détails des peuples de montagne . Un pèlerinage de l'Himalaya au Tibet en passant par les Andes pour une attitude d'altitude.

Marchesa a préféré les chroniques mondaines aux grands espaces , revisitant les toilettes des Grandes Espérances de Dickens . Un hiver plus qu'opulent se profile à l'horizon .

Décryptage psychologique de 3 défilés

Nous sommes ce que nous portons . A partir de cette idée reçue ( souvent véridique ) , j'ai pu dressé 3 profils correspondant à 3 défilés présentés hier durant la fashion week new-yorkaise. Passage sur le divan pour consultation de comptoir :

1. Jeremy Scott :

Cette adepte des films de Gregg Araki ( dont Nowhere , l'une des inspirations du défilé ) adopte une approche décomplexée et insolente de la mode . Couleurs flashy , pièces ultra courtes , messages provoc' , cette anti-conformiste entend faire du bruit et se fiche totalement de la notion de mauvais goût. On imagine bien une abonnée assidue de la Saatchi Gallery , du magazine SuperSuper et Candy, prônant un militantisme case bonbons . Les plus de 25 ans perdront en crédibilité en arborant ces couettes , bustiers à typo Coca Cola et minis jupe citron fizz même si le trip princesse Starla sous acide peut s'avérer très tentant à tout âge .

2. Yigal Azrouel

Cette brindille au baladeur ( bien plus branché ! ) rempli de tubes Kitsuné ou de playlists Colette représente la quintessence du bobo new-yorkais , l'incarnation du dandysme féminin à l'aube du nouveau millénaire . Si elle milite pour le retour des col pelle à tarte , elle ose en contre partie les coloris expérimentaux , en accord avec les pièces Pierre Paulin qu'elle a chiné récemment dans une brocante du Marais , juste à côté de sa cantine bio . Suprêmement rasoir .

3. Reed Krakoff

Avec ses sacs Coach du même créateur ( elle seule fait le lien ) , elle incarne un futur clinique et ultra épuré , un esprit de l'habillement hautement intellectuel . Une dure à "cuir" qui lit Monocle et écoute de la minimal bien entendu .

Araks Automne Hiver 2012

Instigateur d'une mode très référencée , destinée aux demoiselles bien vêtues à la tête bien faite , le DA d'Araks invoque cette saison des souvenirs d'enfance de son Arménie natale.

Très cinéphile , Yeraman s'est inspiré de l'atmosphère du film " The Color of Pomegranates" , un présent pour sa grand mère jamais déballé. Ce film de 1968 conte la vie du poète Saya Nova , figure emblématique du surréalisme arménien . Un long métrage folklorique mais dont le côté révolutionnaire coincide avec justesse avec sa date de sortie .

Le styliste agite sa pipette sur les tonalités mais aussi sur les textures , une réinterpréation d'une allure du 18ème siècle vraisembablement contemporaine pour son époque.

La collection en intégralité ici

Erin Fetherston Automne Hiver 2012

Délaissant ses muses aux airs de poupées diaphanes ( Kirsten Dunst ou Zooey Deschanel ) , Erin Fetherston s'émancipe , habillant cette saison une ravissante jeune fille nordique .

Nattée comme à l'époque antique ( une coiffure qui rappelle une publicité Narciso Rodriguez ) , la nouvelle égérie Erin Fetherston arbore la grâce d'une ballerine , de par les tonalités claires et floconneuses de ses toilettes aériennes.

A la fois moderne et intemporelle , cette collection hivernale invite à la légéreté , délestée de tout détail superflu . Un sans faute pour celle qu'on surnomme la fée du royaume de la mode qui renouvelle son style sans le dénaturer.

Cours de stretching par VPL

Spécialiste des accoutrements inversés ( le dessous prennent le dessus ) , Victoria Bartlett explore les différentes facettes du vêtement en l'étirant au gré de ses envies autour du corps. Ces robes ultra moulantes semblent s'apparenter à des étirements de stretching : si elles semblent solliciter le corps elles le rendent d'autant plus gracile . Un vestiaire réservé aux adeptes de yoga pour qui style rime avec chakra.

RETROUVEZ LE MEILLEUR DES DEFILES SUR LA VERSION TUMBLR DE BANGERS AND MASH

Y-3 Automne Hiver 2011/2012

Célébrant son dixième anniversaire , l'alliance entre Yohji Yamamoto et Adidas à présenté un nouveau pic dans l'histoire de ses collections . A la fois sportives et ultra sophistiquées , les silhouettes Y-3 semblent conçues pour les baroudeurs du 21ème siècle . Si la sobriété japonaise prime sur la fantaisie ( pas d'imprimés , une palette de couleurs réduites) , la proposition n'en est pas moins plus que convaincante . Au point que l'on adopte immédiatement cette armada de duffle coat déclinée dans des versions plus avant garde , jupes parachute et accessoires qui sonnent l'alerte rouge . Une fusion entre classicisme intemporel et expérimentations cliniques réussie .

Ohne Titel Automne 2012

Si la semaine de la mode à la Grosse Pomme s'avère globalement ennuyante , certains défilés sortent du lot , mus par un anti conformisme plus que bienvenu au pays des total look fourrure et robes trois trous sur squelettes ambulants . Et ce à l'image d'Ohne Titel , qui réussit une fois de plus l'exploit d'allier originalité et portabilité - fait rare dans l'univers de la mode où dépasser la frontière entre vêtement et déguisement est aisé.

Cette saison , le duo foisonnant que forment Flora Gill et Alexa Adams s'est inspiré des combinaisons spatiales.

Un cortège de cosmonautes urbaines a ainsi déambulé sur les podiums , emmitouflées dans des pièces high tech qu'aurait pu concevoir la NASA . Robes rouge vif ou combinaisons grises esprit "fab-lab" , le vestiaire Ohne Titel verse plus dans l'ultra sophistication que dans le piètre remake d'un film de science fiction . Matières fluides et coupes conscientes des mouvements du corps , chacun des vêtements est aussi esthétique que pratique . L'hiver cessera t-il enfin d'être l'éternel reflet du style d'hier ?

Fashion Week Copenhague : Camilla Norrback A/H 2012

Depuis un an , Camilla Norrback habille également les hommes de ses vêtements douillets éco responsables . Les couples bobos/bios seront donc rapidement conquis par ces ensembles d'automne , simples mais tout à fait adéquatspour trotter en forêt et écumer les potagers avant de rejoindre le macadam à vélo . Petites bottines , capeline , ballerine , capuchon et jupons en crinoline ... la recette est déjà vue mais roborative , surtout lorsque la créatrice tire son inspiration autant de l'environnement , que de la politique , du cinéma et des courants sociaux . Les fondements d'une mode intellectuelle sans prétention , plus cérébrale qu'exhubérante ?

Toute la collection par ici

Fashion Week de Copenhague : Henrik Vibskov Autome Hiver 2012

Henrik Vibskov est toujours aussi siphoné que créatif , délivrant une collection de pièces ( faussement ) basiques chahutées par des accessoires non identifiés . Une performance quasi artistique qui confirme le statut de ce trublion de la mode nordique .

Altewai.Saome Automne Hiver 2012

D'après le calendrier Maya , la fin du monde est annoncée pour 2012 . Un climat d'apocalypse qui semble avoir inspiré certains créateurs lors de la fashion week suédoise . Le tandem Altewai.Saome a opté pour une approche geek et futuriste , une incursion stylistique dans le domaine de la technologie .

Une idée survenue après une panne d'électricité dans le studio , qui a permis à ces anciennes stylistes de la marque italienne Etro d'étudier au plus près la complexité des connexions et câbles qui permettent de tenir en éveil à la fois leur atelier et créativité . Un leitmotiv lumineux pour une collection utilisant des matières ambivalentes - tels le néoprène et l'organza - et accessoires aussi méticuleux qu'un circuit électronique .

On adhère aussitôt à ces silhouettes archi couture et contemporaine , dont le côté clinique rappelle les élucubrations de Nicolas Ghesquière . On pourrait aussi aller voir le navet du moment , Tron , arborant ces gants de cuisine 3.0 et robes bicolores bioniques tout à fait assorties à l'ambiance du film .

A noter que cette vision de l'hiver tranche radicalement avec la saison précédente , destinée aux adeptes de Carven à la morphologie de poupée Barbie .

LE SITE OFFICIEL ICI

Roxy Heart x Mini Market

Savante alliance de décontraction australienne et d'un sens de la coupe suédoise , la rencontre entre la griffe Minimarket et la seconde ligne Roxy est une belle réussite.

Connu des passionnés de mode par leur sens du style pop et graphique tout en volume , le trio scandinave Minimarket a conquis cette saison le fournisseur officiel des sports de glisse au féminin , alias Roxy .

Conviant à chaque collection stylistes prometteurs ( Laura Figueras , Zakee Shariff ) ou stars des podiums ( Henry Holland cet hiver ) , la seconde ligne de l'enseigne d'Océanie s'associe cette fois-ci à la géniale marque nordique dans une collection moins déjantée mais plus accessible en terme de prix . Kimono bicolore , drapés pop et tee-shirt offrant une variante du sempiternel imprimé "California" composent ainsi cette mini ligne sportive aux influences 60's . Un cocktail idéal pour l'été mêlant fraîcheur suédoise et surf attitude australienne .

TOUTE LA COLLECTION EST ICI