Son prénom a les consonnances d'un membre de pow-wow , son nom de famille lui , présageait un avenir hollywoodien . Hitchcock , Lubitsch , George Cukor ... la meilleure amie de Zelda Fitzgerald a sû trouver une place sous les meilleurs auspices du 7ème art , même si elle enflamma davantage les planches ( 54 pièces au compteur ) .
Son allure de femme très sophistiquée et perspicace déteignera d'ailleurs bientôt sur la génération suivante d'Hitchcock Girls : de Tippi Hedren à Kim Novak . Il est vrai que Tallulah ne semble pas vouloir fléchir quant au soin apporté à son apparence . Serait-ce la sombre période durant laquelle elle a dû faire son temps qui l'empêcha de sourir sur tous les clichés( contexte de la Seconde Guerre Mondiale ) ?
Si les poses guindées priment souvent sur les photos naturelles - comme si un aspect exemplaire camouflait toute faiblesse- certaines "effronteries" retiennent l'attention ( surtout pour l'époque ) dont ce demi sourire sarcastique surmonté de deux grands yeux mélancoliques sombres , expression très caractéristique des actrices de l'âge d'or qui mènent définitivement un double jeu .
Il y a enfin ce portrait très inattendu , révélant une Bankhead sensible , comme complice du photographe , Carl Van Vechten . Sourcils redessinés et brushing à la Ziegfeld Follies , l'actrice incarne le glamour sans ostentation des années 30-40 , toujours habitée par cette tristesse quasi dramaturgique . Une héroïne de Gatsby le Magnifique ?
Son personnage Connie Parker dans Lifeboat d'Hitchcock , semble d'ailleurs avoir été écrit pour elle : une journaliste de mode au physique irréprochable soudainement secouée par un naufrage ... Reste d'autres secrets bien enfouis comme celle d'une sexualité ambigue ou des problèmes d'alcoolisme , mais l'intérêt ici n'est pas de jouer les journalistes à sensation . Tallulah Bankhead reste une énigme même si on se plait à garder en mémoire cette image de femme mure enjouée , l'un des derniers clichés pris avant sa mort ...
"You are all lost generation" déclarait Ernest Hemingway , au sujet d'une époque qu'on redécouvre pourtant avec fascination , apparaissant comme à la fois lointaine et très proche ...
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